Mythologie et Tarot : les Saturnales et le Bateleur. Un message secret bien caché enfin décodé.

Aux alentours du signal de Botrange (BE) - novembre 2021 - ©www.voiesymbolique.net

Comprendre le mythe des Saturnales avec le tarot permet d’en révéler toute la sagesse en termes de symboles et de développement personnel.

Il n’y a de vrai miracle qu’en dehors de la zone de confort : la formule est aujourd’hui très populaire. Ce principe était cependant déjà bien connu des Anciens. En effet, ce message constitue le coeur des Saturnales, cette fête antique célébrée lors du Solstice d’Hiver (21 décembre).

Comprendre le mythe des Saturnales avec le tarot aborde la question du basculement, du renouveau, de la sortie du connu pour aller vers l’inconnu, d’oser sortir de sa zone de confort.

Les Saturnales

Les Saturnales sont une fête en lien avec le solstice d’hiver (21 décembre) pour célébrer le retour du Soleil et de la lumière. L'histoire des Saturnales à Rome est liée à la grande réforme qui intervient au début de la deuxième guerre punique, en 217 avant J.-C. Elles finiront par disparaître avec l’empire dans le courant du 5e siècle.

Les Saturnales : le mythe

Ayant eu vent de la prophétie selon laquelle un de ses enfants le détrônerait un jour : Saturne jugea bon que la seule façon de conjurer le destin fut d’exiger de sa femme Rhéa qu’elle lui livre chacun de ses nouveau-nés pour le dévorer aussitôt.

Symboliquement, Saturne refuse toute forme de renouveau ou de changement puisqu’il anéantit la moindre nouvelle vie.

C’est ainsi que Saturne figure, du moins dans ce mythe, une ère où rien ne change, où le temps n’existe pas, où - comme dans une sorte d’Age d’Or - tout est éternellement beau parce que figé pour l’éternité. On dirait aujourd’hui que Saturne représente la zone de confort.

Rhéa est tout l’inverse de son mari.
Rhéa incarne la Nature sauvage et, par delà, tout ce qu’il y'a de plus plus naturel et fougueux en soi. A savoir cette Nature profonde logée en chacun contre laquelle nul ne peut lutter et qui prend, tôt ou tard, d’une façon ou d’une autre, le dessus.

L’attribut de Rhéa est une corne de taureau d’où émergent quantité de fruits et de végétaux. Or, la symbolique de cette corne d’abondance est souvent mal comprise.
La corne parle de force. Le fait qu’elle soit creuse figure le féminin, la réceptivité. Quant aux fruits, ils soulignent un caractère fécond.
La corne d’abondance - qui est celle d’un taureau (principe féminin en opposition au bélier qui lui est de nature masculine) invite à se mettre à l’écoute de notre Nature profonde en vue de pouvoir en recevoir la force.

Telle une force du destin, Rhéa soustrait donc son sixième enfant - Jupiter - à la fureur dévorante de Saturne, son mari, et remplace le nouveau né par un grand caillou enveloppé d’un linge. Saturne engouffre alors la pierre sans s’apercevoir du subterfuge, permettant à Jupiter de voir ainsi le jour.
Conformément à la prophétie, Jupiter détrônera par la suite son père et ouvrira les portes d’une nouvelle ère.

Les Saturnales : la fête

Le sujet de la fête est le suivant. Il y a d’abord, avec Saturne, un ordre figé depuis des temps immémoriaux. Vient ensuite, de manière fulgurante, un bouleversement opéré par Rhéa. Lequel est suivi par l’avènement d’un nouvel âge marqué par la naissance de Jupiter.

Et quel meilleur moment de l’année pour célébrer un ordre neuf sinon le solstice d’hiver, lorsque le Soleil commence à remonter dans le ciel et que le jour rallonge? C’est pourquoi les Saturnales se déroulent lors de ce qui était alors le 10e mois, décembre dans le calendrier romain, et qui bien plus tard - puisqu’il est question de naissance (Dies Natalis) - deviendra Natale, Noel. Noël est donc aussi la (re-)naissance du Soleil jupitérien.

Lors des Saturnales, puisqu’il est question de célébrer la fin de l’ordre ancien pour accueillir l’ordre nouveau : l’ordre social était provisoirement chamboulé et les règles sociétales abolies. A titre d’exemple, esclave et maître pouvaient se parler, manger, faire la fête d’égal à égal.

Le renversement des lois s’illustre également par l’autorisation des jeux de hasard (alea), habituellement proscris et condamnés. C’est pourquoi le jeu de dés est véritablement le symbole des Saturnales.

Les Saturnales : le lien avec le tarot

A gauche : mois de Décembre - attribué à Furius Dionysius Filocalus - 4e siècle - Bibliothèque apostolique vaticane, Cod. Barb.
A droite : Le Bateleur - tarot de Camoin et Jorodowsky - 2002.
On retrouve dans les deux figures exactement les même éléments iconographiques dont le jeu de dés typique des Saturnales.

Le jeu de dés est aux Saturnales ce que la dinde est à Noël ou encore la cloche à Pâques : une représentation iconique.

Or ces objets se retrouvent clairement sur la première carte du tarot : I / Le Bateleur. C’est le cas du Noblet (1650) et du Camoin-Jodorowsky (2002).

Une comparaison entre la représentation du mois de décembre - le mois des Saturnales - issu d’un manuscrit romain du 4e siècle et la carte du Bateleur permet de lever les doutes.

Les Saturnales, la célébration de l’avènement d’un nouveau cycle (de développement personnel) servent de base à la figure d’ouverture du cheminement proposé par le tarot.

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Comprendre le mythe des Saturnales avec le tarot

Tarot : la vulve dans 21 Le Monde et dans 1 Le Bateleur

La mandorle en forme d’amande est une vulve stylisée, symbole de renaissance que l’on retrouve autant en 21 Le Monde que dans la carte qui la suit, I Le Bateleur qui entame un nouveau cycle.
Illustration réalisée sur base du Tarot Camoin-Jodorowski, 2002.

Saturne représente un temps cyclique éternel. Dans le tarot, il équivaut à X / La Roue de Fortune qui tourne inlassablement en rond et sur elle-même.

Quant à Rhéa, cette force sauvage de la Nature, elle correspond à XI / La Force.

Quand XI / Rhéa vient bousculer X / Saturne, quand la vibration de XI vient s’additionner à celle de X, cela donne XXI / Le Monde (XI + X = XXI).

En tant que dernière carte du tarot, XXI / Le monde évoque autant un achèvement qu’un début. C’est exactement ce à quoi correspondent les Saturnales : la fin d’une ère et le début d’une autre.

Le personnage central de XXI / Le Monde est entouré d’une mandorle (sorte de nimbe en forme d’amande, telle une couronne de gloire) qui n’est rien d’autre qu’une vulve (le personnage, en fin de parcours, renaît à lui-même).

L’achèvement en XXI est fécond. Il s’ouvre et donne naissance à autre chose. Et qu’engendre-t-il sinon un nouveau cycle en la personne de la première carte du tarot, I / Le Bateleur (Jupiter en l’occurence) entre les pieds duquel on retrouve d’ailleurs une vulve… puisqu’il vient de naître.

Les observateurs les plus fins relèveront également que le personnage central de XXI / Le Monde n’est pas sans similitude avec celui de 1 Le Bateleur : chose somme toute assez logique puisque XXI figure I a la fin de son parcours initiatique.

Les Saturnales et le mythe qu’elles illustrent se retrouvent donc dans l’enchainement X - XI - XXI - I.

 
Le mythe des Saturnales décodé par le tarot : X / La roue de fortune (Saturne) est bouleversé par XI / La force (Rhéa, son épouse), pour mettre un terme à une ère et en engendrer une autre XXI / Le monde et ainsi débuter un nouveau cycle I / Le batel

Le mythe des Saturnales décodé par le tarot : X / La roue de fortune (Saturne) est bouleversé par XI / La force (Rhéa, son épouse), pour mettre un terme à une ère et en engendrer une autre XXI / Le monde et ainsi débuter un nouveau cycle I / Le bateleur (Jupiter).
Illustration réalisée sur base du Tarot Camoin-Jodorowski - 2002.


 

Les leçons de sagesse des Saturnales sous l’angle du tarot

Accueillir ce qui paralyse et oser le changement

XXI / Le monde évoque la renaissance, l’intégration du masculin et du féminin (symboliques), l’équilibre parfait, l’aboutissement, l’accomplissement. Tout en acceuillant que la fin d’un cycle est aussi le début d’un autre car la Vie ne s’interrompt jamais.

Si l’on considère que parvenir à XXI / Le Monde revient à additionner X / La roue de fortune et XI / La force, nous pourrions décoder le message suivant :

  • à celui qui entend s’accomplir et renaître à lui-même (XXI / Le monde),

  • il s’agit d’abord pour lui de prendre conscience de toutes ces situations qui, dans sa vie, se répètent inlassablement ; de tout ce qui le maintient dans le statu quo (X / La roue de fortune - Saturne),

  • pour ensuite oser se mettre à l’écoute de sa Nature profonde, la laisser rugir, lui laisser entendre qui il est vraiment dans l’essence de son Être (XI / La Force - Rhéa)

  • se laisser prendre et porter par cette énergie tapie au fond de lui en vue de pouvoir ouvrir un nouveau chapitre de sa vie (XXI / le Monde)

  • et cette fois - enfin - devenir l’acteur de cette vie, en être le maître tel un Jupiter (I / Le Bateleur). Et c’est ainsi qu’il engendre un nouveau cycle.

Le secret de la transformation, du changement radical, de l’instauration d’un nouvel ordre est double.

  1. prendre conscience de ces schémas qui se répètent et qui nous bloquent, en accueillant que leur nature inconsciente est autant personnelle que trans-personnelle, trans-générationnelle (X / La roue de fortune).

  2. oser pourvoir accueillir XI / La Force : Rhéa et tout ce qu’elle incarne en terme de forces et de désirs indomptables qu’abritent tout Être. Non pas une force destructrice, gratuite et sans but : mais la voix de l’âme qui s’est choisie un destin et qui entend l’accomplir. Le défit étant de pouvoir recevoir le message de cette voix intérieure : XI figure une femme, et donc - symboliquement - le concept de réceptivité. Le coeur du mandala du tarot est véritablement l'enchaînement XI - XII - XIII. Prenant conscience qu’il y a en moi une Nature profonde (XI) que rien ne peut arrêter, je fais le choix de faire un retour sur moi (XII), de me mettre à son écoute (XII), et c’est ainsi que je renais à mon essence profonde (XIII).


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Les blessures sont une occasion d’évoluer

Les dés présents dans la figure du Bateleur figurent une forme de hasard, tout en sachant que celui n’existe évidemment pas. Ce que nous vivons et attirons est le pur reflet de qui nous sommes. Nous pensons pouvoir contrôler notre vie et notre destin alors que c’est l’inconscient qui nous dirige. Il n’y a pas de fatalité. Tant que vous ne ferez pas face à votre ombre, tant que vous n’aurez pas rendu l’inconscient conscient : cet inconscient dirigera votre vie et vous appellerez cela le destin. Tout ce que l’on ne veux pas savoir de soi-même finit par arriver de l’extérieur comme une fatalité écrivait C. G. Jung.

Ces dés en début de cycle dans le tarot - qui reste avant tout une proposition de cheminement personnel - sont donc une invitation à prendre conscience, dès le départ, si l’on veut avancer et poursuivre, à prendre conscience de nos blessures car ce sont elles qui nous paralysent.


Sortir de sa zone de confort

Il est aussi possible de faire une lecture de gauche à droite de l’image.

comment le Solstice d’Hiver et le Bateleur invitent à sortir de sa zone de confor
  • Bleu : à gauche. Ce qui vient juste de se passer. Les dés sont jetés! .... je ne reviendrai plus en arrière. Je sors de ma zone de confort, je désire un changement. Mettre quelque chose de neuf en place. Engendrer un nouveau cycle. Tel un jeune Jupiter : je prends mon destin en main. Je me lance dans un travail en développement personnel.

  • Jaune : Au centre. Ce qui n'est train de sa jouer. Les Saturnales. Le jeune Jupiter vient de triompher de Saturne. Il a pris son sort en main en jetant les dés, symbole de passage à autre chose. Son désir est de sortir de cette espace l’on traverse la vie sans se poser de question, sans être soi. Son voeu est d’élargir sa conscience : celle de lui-même et celle du monde, des mondes. Il détourne cependant encore le regard de sa lumière intérieure (bâton / feu) puisque c’est le but de son voyage. Dans le tarot : le bâton est incliné de bas en haut et illustre le besoin d’élévation.

  • Rouge : à droite. Ce qui est à venir. Ce vers quoi je vais mettre mon énergie. bâton / feu Lumière / chaleur Solstice d’hier / retour de la lumière / cheminement vers ma lumière Renaissance

 
Tarot : enchaînement X / La roue de Fortune - XI / La force : oser sortir de sa zone de confort pour créer une nouvelle réalité.

Tarot : enchaînement X / La roue de Fortune - XI / La force : oser sortir de sa zone de confort pour créer une nouvelle réalité.

De tout Coeur,

Axel Trinh Cong [Facebook - Google]

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