Dionysos dans le tarot. Mythe d’une renaissance.

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Le mythe.

Dionysos est le fuit des amours de Sémélé et de Zeus qui, pour séduire la simple mortelle, a pris les apparences d’un être humain ordinaire.

Manipulée par Héra, épouse quelque peu jalouse de Zeus, Sémélé alors enceinte de 6 mois, demande à son amant de lui révéler sa puissance divine. Zeus résiste sachant que la mortelle n’y survivrait pas, mais finit par céder.

Foudroyée par l’éclat divin de son amant, Sémélé décède sur le champs tout en ayant le temps de mettre Dionysos au monde. La grossesse n’est cependant pas encore menée à terme. Hermès propose alors à Zeus, le père du malheureux foetus, de l’accueillir dans sa cuisse jusqu’à ce que celui-ci soit prêt à naître.

Ce qui sera fait et donnera naissance, outre à Dionysos, à l’expression naître de la cuisse de Jupiter. Une fois sur terre, Dionysos va entamer un long périple en vue de devenir un dieu.

Dionysos naît une seconde fois, de la cuisse de Zeus (cratère apulien, 400AEC, Musée archéologique de Tarente, IT)

Dionysos naît une seconde fois, de la cuisse de Zeus (cratère apulien, 400AEC, Musée archéologique de Tarente, IT)


Le mythe décodé.

Dionysos est donc né deux fois.

Mais lors de sa première naissance, en tant qu’humain issu du ventre de Sémélé : il est encore incomplet. Il doit, en quelque sorte, achever sa croissance dans la cuisse de Zeus, son père. Cet achèvement passe donc par la rencontre avec sa partie divine. En d’autres termes : le mythe nous informe qu’un être ne s’achève, devient complet que s’il naît à sa dimension spirituelle.

La cuisse : c’est par ailleurs la zone du Sagittaire (entre le périnée associé au scorpion et le genoux en lien avec le capricorne). Le sagittaire est un être dit… étrange. Le sagittaire est un être hybride : mi-homme, mi-animal. C’est donc en prenant conscience (c’est une idée d’Hermès) de sa part non-humaine, étrange, animale, indomptable que Dionysos naît une seconde fois. La vraie, cette fois. Tout est dit dès sa naissance.

Ce propos se retrouve d’ailleurs dans une autre partie du mythe, lorsque Dionysos s’adresse au peuple de Thebes dont il vient de vaincre le roi Penthée, adepte de la raison, de la discipline, du tangible dans la Cité.

Dionysos s’adresse ainsi : Je suis le plus grand défi jamais lancé à la face de l’Humanité. Tu t’es laissé prendre au piège des habitudes, comme tous les mortels. Tu révères l’ordre et la rigueur qui sont certes indispensables pour vivre en paix au sein de la Cité. Mais tu refoules ta part d'étrangeté qui t’inquiète et qui pourtant gît au fond de toi. Moi, je suis l’ « autre », l’étranger, l’étrange en toi, le différent. Et je suis venu te révéler cette part obscure qui est en toi. Si tu la rejètes - comme tu m’as rejeté hors de tes murs - alors tu seras perdu, comme le fut l’orgueilleux Penthée, ton roi. Mais si tu acceptes ces forces sauvages, si tu les intègres au lieu de les brider : alors tu seras sauvé.


Le mythe en image.

Sur une mosaïque romaine, Dionysos apparaît assis sur une panthère.
Dans une main, un miroir. Dans l’autre, le ciste (bâton enroulé de lierre terminé par une pomme de pin).
L’image présente donc : une partie humaine, une partie animale, quelque chose qui permet de (se) voir et un instrument de pouvoir, une source de force.
Ce qui peut se traduire de la façon suivante : ma force et ma renaissance (bâton) vient du fait que je peux me voir (miroir) dans mon intégralité : une première part rationnelle, contrôlée, consciente (homme) et une seconde part irrationnelle, obscure, indomptable (panthère). C’est ainsi que je renais à moi-même, que je nais une seconde fois.
Sans blague…!


Dionysos et le tarot de Marseilles

Dionysos et le tarot de Marseilles

Le mythe et le tarot.

Le mythe de Dionysos renvoie à VII et VIII qui inaugurent le processus de renaissance incarné par l’enchaînement XII-XIII-XIIII.

En VII, la partie humaine ne communique pas, n’est pas en lien avec la partie animale. Le personnage n’a pas de rênes et ne peut en aucun cas maîtriser les chevaux qu’il ne semble par ailleurs ne pas pouvoir voir.

L’étape suivante consiste donc à observer et prendre conscience de cette dualité : c’est ce que fait VIII qui invite à faire pause et à se regarder en face.
C’est aussi le miroir sur la mosaïque de Dionysos.

Il convient alors d’aller à la rencontre de cette partie animale, indomptable, obscure cachée et tapie au fond de soi, tout comme XII se met à l’écoute (c’est la seule carte du tarot dotée d’une oreille) de ses profondeurs (le personnage a la tête en bas).
Observe par ailleurs que la panthère sur laquelle est Dionysos a 4 pattes à 3 griffes.
4 (IIII) et 3 (III) : c’est aussi comprendre, donner un sens, voir avec lucidité (III) ce qui fait bloc et résistance en soi (IIII).
XII (4 fois 3) en prend conscience et en fait quelque chose, tandis que VII (4 plus 3) ne s’en rend même pas compte. Derrière ce qui fait bloc et résistance se cachent nos blessures d’enfance, nos croyances, le passé du clan (mais également karmique pour ceux et celles à qui cela parle), etc..

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Aller au devant de ces éléments est le début de la rédemption et de la renaissance.
Un processus qui passe - comme le montre XIII - par un énorme travail sur soi.
Je profite de l’occasion pour rappeler que le travail sur soi sous-entend de dé-cristaliser les émotions en lien avec nos blessures. On est bien au-delà de la psychologie verbale (parler n’est pas guérir).


En XIII, la renaissance se traduit d’abord par l’épi de blés qui constitue la colonne vertébrale du squelette, en constatant que celle-ci est bleue (énergétique, donc) car, à travers ce travail, je renoue avec ma vraie valeur, mon vrai potentiel que je vais pouvoir librement activer.
Elle se traduit aussi par le fait que cette même colonne vertébrale est parcourue par XX traits. Et XX nous parle bien de (re-)naissance, que je sache.
Cette renaissance qui nous permet de renouer avec notre vrai pouvoir, c’est le ciste de Dionysos, bâton terminé par une pomme de pin, symbole de régénération et de la part immortelle en chacun de nous.

Vient alors l’instant de grâce en XIIII où les deux parties en moi sont en lien, communiquent. Retour à l’intégrité : la vraie cette fois. Plus question de refouler.
Lorsque maintenant j’agis encore ainsi, je sais (consciemment / partie humaine) que c’est en fonction d’une ancienne blessure (longtemps inconsciente / partie animale) dont la cicatrice me titille encore…. et c’est OK. Je ne suis plus l’esclave de mes blessures qui me faisaient chercher ceci ou cela, provoquer ceci ou cela… dans le cercle infernal de X.”
C’est ainsi que je retrouve autonomie, liberté et surtout mon vrai potentiel.

Moi, je suis l’ « autre », l’étranger, l’étrange en toi, le différent. Et je suis venu te révéler cette part obscure qui est en toi.… que Dionysos et la sagesse des Ancients nous accompagnent, pour notre plus grand bien et celui du reste du Monde.

Axel Trinh Cong [Facebook - Google]


Moi, je suis l’ autre, l’étranger, l’étrange en toi, le différent.
Et je suis venu te révéler cette part obscure qui est en toi.