Trop de personnes ne savent pas qui elles sont. C'est quoi être "soi"?

Ostuni [Pouilles - Italie] - ©www.voiesymbolique.net

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Deviens qui tu es, renoues avec qui tu es vraiment, sois pleinement toi-même font partie de la rhétorique courante du développement personnel. Chacun semble y souscrire sans sourciller. Et pourtant cette approche soulève quelques questions : est-il possible de ne pas être « moi » ?. Et si tel devait être le cas : qu’est ce que c’est que d’être « moi »?, quand suis-je « moi »?, si je ne suis pas « moi », alors qui suis-je?.

L’espace d'un instant, je te propose d'accepter le postulat selon lequel il serait donc possible de devenir celui ou celle que l’on est vraiment. En rappelant que le verbe devenir implique un changement d’état lié à une dimension temporelle.

Au cas où tu serais déjà vraiment toi : cela impliquerait qu’il ne serait dès lors plus nécessaire de changer quoi que ce soit puisque tu aurais déjà atteint une forme de parfait accomplissement. Or, nous savons tous que, à moins que tu ne sois immunisé contre les mouvements de la Nature, tu vas continuer à changer et à te modifier. Depuis que tu as entamé la lecture de cet article : tu n’es plus le même qu’avant. Ton corps s’est modifié du fait de son fonctionnement, de nouvelles pensées ont surgi dans ta tête, etc. Telle est la Loi de la Vie.

Puisque seules les choses dépourvues de vie sont dans un état fixe : si tu étais à la fois pleinement toi-même et toujours vivant : tu ne pourrais muter que vers un autre état qui serait alors soit du plus « toi », soit du moins « toi ». Ce qui, nous sommes d’accord, n’a que peu de sens.

Selon mon expérience de médium et d’accompagnant, nous sommes à la fois : nous même et en perpétuel changement.
Les deux vont de paire.
A chaque instant, nous sommes pleinement nous-mêmes, en ce compris dans le changement.
Plus encore, chaque changement est le plus pur reflet de ce qui nous sommes.
Nous n’avons jamais cessé d’être nous-même.
Nous n’avons jamais été autre chose que nous-même.

Ce qui change, d’instant en instant : c’est l’expérience que nous faisons de ce « nous-même ». Mais pas ce « nous-même » qui a été, est et sera toujours.
Et cela est très important à comprendre.
Car cela change absolument tout.

Que la Lune soit pleine ou dans son dernier quartier, en Cancer ou en Verseau : certes, sa tonalité et sa coloration énergétiques varient mais elle n’en reste pas moins complètement la Lune.

Ainsi, les phrases du type deviens qui tu es créent chez beaucoup de personnes non seulement de la confusion mais aussi une fracture intérieure.
Elles se mettent à chercher ce fameux moi (qui n'est pas moi ) en dehors d'elle-même.... tout en regardant le moi qu'elles sont (et qui ne serait dès lors pas leur vrai moi) avec dureté et jugement sans se rendre compte qu'il s'agit bien, en fait, d'elle même. De telles phrases, que l’on souhaiteraient constructives et encourageantes, créent au final de la dureté, un dés-amour de soi et donc de la souffrance. 

***

Il ne s’agit pas de devenir un autre « moi » qui serait mieux ou plus juste que ce moi actuel, mais bien de développer une autre conscience de ce moi ici et maintenant.
Surgit alors la question du mais alors, qui suis-je?, qu’est-ce que ce « moi »? .

Notre égo (condition indispensable et inhérente à l’incarnation) a pour habitude de jeter le trouble en créant une confusion entre j’ai et je suis.
Ce que nous pensons posséder n’est que transitoire. La seule chose que nous possédions en propre et de façon durable est ce que nous sommes. [↓ poursuivre la lecture ↓]


Le cycle de nature comme modèle d'évolution intérieure. - La Voie Symbolique

Si la Nature n'est que changement, c'est plus rarement le cas pour les Hommes qui lui préfère le statut quo .


Ce que j’ai, ce que je manifeste dans la matière est effectivement un moyen de se distinguer des autres et de se rendre identifiable. Et c’est ainsi que ce que j’ai devient le plus souvent une façon de dire je suis.
Prenons l’exemple d’un nouveau vêtement acheté sur un coup de coeur et que je ramène à la maison. Emerveillé par ce vêtement qui est tellement mon style, qui met tellement bien en valeur ma personnalité, je le présente à mon conjoint qui, sur le coup, émet des réserves ou fait part de son incompréhension : mais c’est quoi ce truc que tu as sur les épaules? . Quelle est ma réaction? Je me sens incompris, je ne me sens pas reconnu pour qui je suis. Je me sens remis en question… pour une pièce de tissus. En fait, je me suis tellement identifié à ce costume, que si on critique celui-ci, je me sens personnellement attaqué dans ce que j’ai de plus intime. 

Ce exemple montre à quel point on peut perdre le lien avec soi en se définissant à travers des éléments extérieurs à ce soi. Il démontre également notre besoin d’exister, d’être reconnu dans notre unicité et, par delà, la peur de disparaître, mais aussi - plus fondamentalement - la peur de l’anéantissement et de la mort en général.

Notre égo fait que nous nous attachons et nous identifions à notre corps, nos idées, notre statut, etc. qui, parce qu’ils sont matériels et tangibles, donnent une impression de stabilité et de durabilité.
Or, ils sont fragiles, transitoires et temporaires.
Nul ne possède la jeunesse éternelle.
Nos idées seront remises en cause.
Nul n’est indispensable et la société où nous travaillons comme directeur depuis 20 ans continuera d’évoluer et de grandir après notre départ.

La souffrance vient du fait que nous refusons de voir ces éléments comme éphémères. Nous pensons qu’il dureront toujours, et nous avec. Or la réalité quotidienne nous démontre qu’il n’en est rien, ce qui a souvent pour conséquence d’augmenter notre angoisse et de nous accrocher encore plus à ces éléments. C’est un cercle vicieux. 

L’humain souffre à cause de sa soif de posséder et de garder ce qui est transitoire. Tant qu’il reste attaché à ce qui est mortel : la mort devient une fatalité inéluctable qui dépossède la vie de tout son sens.

Et il en va de même de ce moi je qui est tout aussi éphémère et variable dans le temps.
Par le biais de cette personnalité imaginaire, nous espérons qu’elle sera - telle une forteresse - la garantie de pouvoir nous imposer, d’avoir un lieu où se réfugier pour lutter contre le changement, faire en sorte que tout soit plaisant et exempt de souffrance. Soit un combat perdu d’avance qui ne peut apporter que colère et frustration. La souffrance trouve son terme quand la personne cesse de s’identifier à sa personnalité et de résister au monde extérieur à partir de l’intérieur de sa forteresse, c’est-à-dire en mettant un terme à son hostilité qu’il témoigne envers la Vie en s’en détournant sans cesse. 

Une fois que le moi accepte et intègre le flot changeant de la Vie sans plus s’y opposer : l’être est alors invité à se replacer dans une réalité bien plus vaste que lui-même. En cessant de s’identifier à ce qu’il vit ou traverse, il peut ainsi passer de la notion d’existence à la notion de présence qui échappe au temps et à l’espace. [↓ poursuivre la lecture ↓]

©www.voiesymbolique.net

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J’ai pour habitude et pour consigne avec moi-même de ne parler et communiquer qu’au sujet de ce que j’ai réellement expérimenté.
Il m’a ainsi été donner de voir que le moi incarné sur Terre n’est en fait qu'une partie, une portion de quelque chose de bien plus vaste. A savoir, ce fameux moi qui a été, est et sera dont il était question en début d’article.
A ce stade, il est délicat de donner un terme à cet élément qui dépasse toute appréhension intellectuelle. A défaut d’autre chose, je le nommerais donc l’essence. Cette essence me semblait même être au-delà de ce que l’on appelle communément l’âme, celle-ci étant comme temporaire et intermédiaire entre le moi et l’essence (mais je n’ai pas reçu plus d’information à ce sujet et je m’interdis de mentir).

Au cours de plusieurs visualisations dont je te reproduis le dessin ci-dessus, j’ai donc ressenti que le moi n’est en fait qu’une prolongation momentanée, tel un tentacule (à défaut de pouvoir mieux le dire), de l’essence.
La tête de ce tentacule est à son tour comme gainée par un égo, une personnalité, un corps et d’autres éléments temporaires qui sont utiles et indispensables aux expériences que tout un chacun est venu faire sur Terre.
Cette gaine est donc inhérente à l’incarnation, mais ne te coupe pas pour autant de ton essence dont le « moi » est le perpétuel prolongement. Il y a un continuum entre le « moi » et « l’essence ». A tout moment, il t’est possible de prendre une distance par rapport à ce « moi » (la gaine) en vue de renouer avec ton essence dont tu n’as jamais été séparé

Les moyens de renouer avec son essence sont divers et variés.
L’attachement aux autres priorités que celles de l’Esprit empêchent l’Esprit de se manifester.
Quand on manifeste, vit et incarne le détachement : tout ce qui est détaché peut alors se manifester.
Telle l’âme ou l’essence (au sujet de l’âme; il s’agit également de se détacher d’elle afin de pouvoir en épouser le mouvement)
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A chacun de trouver la voie qui lui conviendra le mieux. Mon propos est surtout de remettre le moi en perspective, de le rattacher à un système plus vaste dont il est une partie et non l’objet central et unique.

La découverte du moi est un parcours, une aventure. Plus qu’une finalité, elle est une façon de se vivre en conscience. 

Axel Trinh Cong [Facebook - Google]