Le cycle de nature comme modèle d'évolution intérieure.

Nyons [France] - © www.voiesymbolique.net

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Dans les deux premiers articles [ici & ici], il a été question de l’énergie en général, avec un accent particulièrement mis sur l’énergie personnelle et son incidence sur notre parcours.

Au cours de ce troisième volet, je te propose d’aborder un des changements d’énergie majeurs que nous venons tous de constater, à savoir notre entrée dans l’automne

A première vue, le propos te paraîtra sans doute anodin, futile voire frivole. Et pourtant il n’en est rien. Car si notre énergie personnelle influe bel et bien sur le cours de notre vie, il va de même quant à l’énergie ambiante sur notre fonctionnement personnel.

Si tu observes la nature, tu remarques que tout est changement, transformation et transmutation. L’Univers tout entier est en perpétuel mouvement. Dans cette perspective, un équilibre parfait, durable - et donc figé - est naturellement une pure illusion. 

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Les anciens Chinois ont parfaitement illustré cette dynamique à travers l’extraordinaire outil de décodage de l’énergie vieux de plus de plus 2,000 ans qu’est le Yi Jing (Livre des transformations).

L’ouvrage comporte 64 figures composées chacune d’une combinaison de 6 traits yin et yang.

Parmi ces figures, la 63e (ci-contre) présente un agencement absolument parfait et idéal des 6 traits yin et yang mais invite à la plus grande prudence puisque cette situation paroxystique - on est à l’apogée et il est dès lors impossible de faire plus ou mieux - ne peut que muter.

Quant à la figure suivante, la 64e, ultime et dernière du traité, elle invite à voir que derrière le chaos apparent faisant suite à la figure 63 se cache en fait l’émergence d’un ordre nouveau, plus juste, plus constructif, plus fertile.

Si la Nature n’est donc que changement, c’est plus rarement le cas pour les Hommes qui lui préfèrent le statut quo. Il y a en effet cette partie de l’âme humaine incarnée et que nous appelons l’égo qui a la (fâcheuse) tendance à ne pas vouloir changer, à vouloir rester dans sa zone de confort, avec ses préjugés, ses croyances, ses principes qu’il imagine - et surtout désire - immuables, prêt à se cabrer face à toute forme d’ouverture susceptible de perturber son petit système intérieur. C’est en cela que parfois la Nature humaine est contre-Nature

Toutefois, l’une des quêtes proposées à l’Homme est de justement pouvoir se mettre au diapason de la Nature : apprendre à l’intérieur de lui-même, dans son microcosme, à épouser la dynamique de la Nature (dont il fait pourtant pleinement partie et dont ill se coupe trop souvent) en accédant à l’art des transmutations; laisser les changements de la Nature - niveau macrocosme - influer, pénétrer, inspirer sa nature intérieure - niveau microcosme. 

Ce dialogue macrocosme-microcosme présente une double dynamique. D’une part, il est question de se laisser pénétrer, féconder par l’extérieur en constante mutation en vue de découvrir et nourrir sa vraie nature intérieure. Et d’autre part, il s’agit de rester soi, de ne pas se corrompre à travers le changement : ce qui est une autre façon d’alimenter et renforcer sa nature intérieure. 


Telle est la théorie mais, dans la pratique, nous pouvons observer que nous disposons tous d’un égo qui, lui, n’a qu’une obsession : perdurer d’une manière fixe, immuable et inchangeable. Pour l’égo : tout changement est synonyme de mort. Vivre, par contre, c’est rester dans ce qui est et a toujours été, dans un monde pétri de certitudes où ce qui a été sera pour toujours. Ce besoin de vouloir garder les choses en l’état, s’il est un sérieux handicap, est aussi une ressource vitale. Car cet égo, qui tend à une forme d’immortalité, est aussi une façon de répondre à l’angoisse de la mort. L’essence du travail consiste alors à lui redonner sa juste place et ne pas le laisser envahir tout notre système intérieur.

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Noël, Fête de la Lumière et solstice d'hiver : le cadeau de l'Ombre. - La Voie Symbolique

Dans l'inconscient collectif : le bien est associé à la lumière, tandis que le mal est identifié à l'ombre. A l'approche de du solstice d'hiver, là où la nuit se fait la plus longue et le jour le plus court, la Nature nous plonge au coeur des ténèbres.


Donc, quand on désire accéder à des évolutions profondes, on observe souvent en premier chef l’opposition de l’égo. Or, c’est justement l’absence de changement qui est synonyme de mort. Pense simplement à un électro encéphalogramme plat, où plus rien ne bouge, et qui ne peut s’observer que chez un être qui a cessé de vivre. Vivre pleinement entraîne de mourir à cet égo, mourir à ce qui nous maintient dans une forme fixe, mourir à ce qui nous fait mourir, accueillir le changement pour ainsi renaître, accéder à quelque chose de neuf et de plus parfait. 


Mais qui a envie de mourir?
Sinon ceux, au final, qui, ont le courage de vouloir renaitre?
La vie ne peut se prolonger indéfiniment sans devoir, à un moment donné, se redéfinir, se régénérer en abandonnant les vieux schémas, en laissant partir ce qui n’est plus utile.
Pour qu’un arbre reprenne vigueur : il faut l’élaguer.


Et c’est exactement ce qui est en train de se produire autour de nous, dans le monde la Nature. Faisant suite à l’été, voici l’automne et son cortège de feuilles mortes avec, au coeur de la saison - et ce n’est évidemment pas un hasard - la fête des Défunts. Tel est le changement indispensable pour que revienne le printemps et l’été. 

Tout changement de saison est un rappel comme quoi l’Univers et la Nature ont leur lois, leur dynamique, qu’il n’y a pas de hasard, que l’incongrus et l’imparfait n’y ont pas leur place, pas plus que le chaos et l’anarchie. Et nous, les Hommes, sommes également partie prenante et agissante de cette Nature.

L’automne vient comme sonner la fin de la récréation de l’été qui ne peut se poursuivre sans fin, et de rappeler que tout a à une limite, en ce compris mon pouvoir, ma liberté… ainsi que mon temps sur terre. C’est le temps du bilan de l’après-moisson : quelle était mon intention (au printemps précédent) ? Comment lui ai-je donné vie? Comment me suis-je donné vie à moi-même? Comment ai-je contribué au monde (au delà de ma satisfaction personnelle) ? Comment me suis-je donné? Et pour quoi, dans quel but? C’est ainsi que la Nature nous invite à faire preuve de discernement et d’objectivité dans le rapport que j’ai avec moi-même et le reste du monde.

L’automne, c’est également le soleil qui décroît et un allongement croissant des nuits. C’est le retour de la non-lumière et du cadeau qu'elle nous offre de saisir.
Dans la lumière : on a l'impression que tout est clair et évident, que l’on maîtrise la situation avec, pour conséquence une forme d’inattention et de perte de conscience. Dans la lumière, tout semble simple, facile : on peut se laisser à la désinvolture et à l’exubérance sans crainte, goûter pleinement à la nonchalance, la gaité et la légèreté.
Dans la non-lumière, par contre, il n'est plus question de voir clair avec ce sentiment de lisibilité que la vue nous donne.
Dans la non-lumière : tout devient plus flou, informe et il faut dès lors faire appel à d’autres sens, plus subtils que la vue, en vue de pouvoir appréhender son environnent.
Durant cette moitié de l’année, où, entre les deux équinoxes, la nuit l’emporte sur le jour, la Nature nous rappelle que notre sensibilité, nos émotions, nos ressentis et notre inconscient ont autant de valeur que nos cinq sens communs, notre volonté, notre mental et notre conscient.

L’automne est également l’étape qui marque de façon claire le début du chemin vers le point le plus sombre de l’année. Bien que cette obscurité ne soit que de façade puisque c’est en son sein, quand la nuit se fait la plus longue, que surgit la Lumière de Noël. La mutation se fait bel et bien au coeur de ce nous avons de plus caché et de plus obscur, au coeur de nos blessures, en remettant de la lumière là où nous en avons manqué dans notre parcours. Ainsi disait C. G. Jung : ce n'est pas en regardant la lumière qu'on devient lumineux, mais en plongeant dans son obscurité. Et d’ajouter ensuite : mais ce travail est souvent désagréable, donc impopulaire.

En épousant le rythme de la Nature et en nous laissant fasciner et inspirer par elle, nous pouvons laisser venir à nous des questions telles que puis-je laisser mourir? quelle partie de moi est devenue inutile? qu’est ce qui me maintient dans un état non-vivant?

Et sur base de cette introspection : nous pouvons nous mettre à préparer la saison hivernale, synonyme de transformation profonde.

L’énergie-automne invite à l’introspection autant qu’à la bienveillance. Il s’agit plus de s’accueillir avec lucidité et amour que de se juger avec amertume. 

La graine n’en sera que plus belle.

Axel Trinh Cong [Facebook - Google]